Lobbying : voir Copenhague et mourir ?

ll reste une semaine de négociations aux 192 pays réunis à Copenhague pour parvenir à un accord global sur la réduction des gaz à effet de serre. La partie est, à l’heure où sont écrites ces lignes, d’être gagnée.Les intérêts entre les pays industrialisés et en voie d’industrialisation sont trop divergents pour que l’accord se signe facilement. Les négociations achoppent notamment sur le niveau de contreparties que verseraient les pays riches aux pays pauvres afin de s’adapter au changement climatique. On parle beaucoup d’ailleurs de la lutte contre le changement climatique, dont on sait que la réalité est partiellement contestée, alors que l’on devrait également intégrer la notion de pollution dont on sait qu’elle est un élément essentiel dans la dégradation de la qualité de vie sur la planète.


D’abord observer

Dans ce jeu d’échecs à 192 joueurs, tapis dans l’ombre, les lobbies des hydrocarbures, dont le poids financier, économique et politique est essentiel, observent les débats. Leur stratégie est simple : observer l’état d’esprit général sans se faire remarquer dans l’idée de négocier au niveau national, état par état, les conditions d’application d’un tel accord dont le contenu reste encore incertain. C’est ce qu’explique Irja Vormedal, chercheuse en sciences politiques à l’Université d’Oslo et spécialiste des négociations sur le climat, dans une interview donnée à l’Express aux étudiants du CFPJ qui ont réalisé une enquête sur les lobbies à Copenhague : « Leur intérêt est d’obtenir un accord qui soit le plus global possible, c’est à dire qui comprenne la Chine, l’Inde et les pays émergents de manière à s’ouvrir de nouveaux terrains de jeu. En revanche, ils ne soutiendront probablement pas un accord qui n’incluerait que les pays industrialisés, car ce que ces entreprises veulent éviter avant tout, c’est d’avoir un trop grand écart de réglementation entre les pays. Cela nuirait à leur compétitivité, surtout si les pays industrialisés s’engagent à réduire plus drastiquement leurs émissions de CO2 ». Et de continuer en insistant sur le fait que les lobbies des énergies vertes viendront eux aussi de leur côté tenter de contrebalancer cette influence.  Observer certes mais pas seulement, les entreprises ont dépensé 300 millions de dollars depuis le début de l’année pour influencer les débats de Copenhague et plus de 2.000 lobbyistes embauchés. Un investissement et pas une simple dépense pour influencer les débats. Une influence qui semble de plus en plus critiquée comme le précise Corinne Lepage, député européenne, l’explique dans cette vidéo.

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Agir sur les causes et moins sur les conséquences

Les organisations non-gouvernementales seraient d’ailleurs bien inspirées, au-delà de leurs demandes pratiques sur la lutte contre le réchauffement climatique, de sensibiliser les opinions publiques des pays occidentaux sur le poids croissant, au fur et à mesure de la complexification des législations nationales ou communautaires.

Car l’efficacité de l’accord de Copenhague se mesurera à la hauteur des engagements pris par les parties prenantes, c’est certain, mais aussi sur la réalité de leur mise en application. Si les lobbies ne peuvent pas grand chose, au moins directement, sur la nature de l’accord de Copenhague, ils peuvent influencer durablement, en ralentissant ou en modifiant les modalités d’applications locales, la réalité de cet accord. On a vu après Kyoto, accord a minima, toute la difficulté de faire naître des actions concrètes des discussions internationales. En ce sens, l’accord qui se prépare est une belle illustration de la théorie des jeux. Si l’intérêt général est à la concession, les intérêts particuliers des pays en présence est de persister dans un jeu de dupes, coupable à long terme pour la préservation de notre planète, mais tellement plus doux à faire accepter à des populations qui n’ont pas encore réalisé pleinement leur révolution écologique et ce que cela suppose comme changements drastiques de comportement. Sur son rocher du parc Churchill, d’aucuns disent avoir vu la petite sirène pleurer.

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