Crowdfunding politique. Amplifyd veut faciliter le militantisme sous-traité

amplifydUtiliser les techniques modernes du crowdfunding pour soutenir des causes politiques en réalisant des opérations de lobbying sous-traitées. Voilà l’objectif du site internet Amplifyd. Lancé il y a quelques semaines aux Etats-Unis, le site permet aux internautes de financer des appels téléphoniques pour la cause qu’ils soutiennent à destination des parlementaires américains.

Comment ça marche ? Une organisation non-lucrative inscrit sa campagne sur le site, en présentant ses motivations. Un internaute militant souhaite aider cette organisation, mais sans appeler lui-même son propre député. Il paie une somme autour de 5 dollars (l’équivalent de cinq hamburgers ou de cinq litres de Cola pour donner une idée du sacrifice) pour qu’une personne appelle à sa place, avec un argumentaire fourni par l’association, le parlementaire. La conversation est enregistrée pour laisser une preuve à l’internaute que l’appel a bien été passé en son nom. Accessoirement, cela permet également de faire pression sur le parlementaire. Il est également possible de devenir « appeleur », c’est-à-dire d’être rémunéré pour passer des appels.

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En démarrage
Fondée par Scott Blankenship, un entrepreneur du web, très orienté marketing, et basé à San Francisco, la société Amplifyd surfe sur la vague du crowdfunding avec cette solution politique innovante. Pour l’heure, on trouve une dizaine de campagnes proposées sur le site. Les uns réclament du lait bio chez Starbucks.

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D’autres la fin de la corruption à Washington D.C. D’autres encore réclament une meilleure protection pour les loups. L’activité semble être en phase démarrage.

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Des classements des plus grands donateurs sont proposés sur le site avec des liens pour spécifiques pour mesurer le degré d’interaction sur leurs réseaux sociaux. Les plus grands donateurs peuvent également recevoir des récompenses.

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“We believe it’s time our elected officials respond to the concerns of their constituents and to put the welfare of their local, regional and national communities above the interests of heavily funded industry lobbies”, peut-on lire à propos de la présentation de l’entreprise sur son site.

Et la France ?

Cette forme de citoyenneté sous-traitée – on confie à d’autres le soin de défendre son point de vue – est une étape supplémentaire dans l’achèvement d’une nouvelle forme de démocratie. Bien plus lointaine des citoyens qu’auparavant, plus sensible que jamais à l’opinion publique et de plus en plus l’affaire de professionnels, qu’ils soient du côté des politiques ou du côté des lobbyistes.

En France, les collectes de fonds pour des causes politiques sur des sites de crowdfunding sont théoriquement possibles. Les appels ou courriers aux parlementaires figurent parmi les stratégies de nombreuses groupes d’intérêts, et ce depuis longtemps. Pourtant, pour l’heure, personne ne semble permettre de payer quelqu’un d’autre que soit pour agir de la sorte à sa place, en simple citoyen.

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Pour que son point de vue triomphe, la bataille fait rage. Ainsi les dépenses en lobbying aux USA se montent à 3,3 milliards de dollars par an (chiffres 2013). Une somme considérable qui entraîne “un bruit du lobbying”, rendant difficilement audible les causes qui disposent de peu de moyens.

Mikaël Cabon

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