Lobbyistes, Lobbyplag is watching you

big-lobby

On ne parle que trop peu d’Europe dans un pays comme la France. L’ignorance des Français à l’égard du fonctionnement de l’Union européenne se dispute à l’indifférence sauf peut-être quand il s’agit de redistribution financière des fonds européens.

Et pourtant, une part non négligeable des lois qui s’imposent aux Français provient de Bruxelles. Cela mérite un petit coup d’oeil qui n’est pas facilité par l’extrême complexité de la politique européenne.

Heureusement, il y a Findus, euh, non, joies du chevauchement de l’actualité. Heureusement, il y a Lobbyplag. Ce portail internet, récent, mis en place par l’allemand Richard Gutjahr (German), se veut un outil de surveillance de de l’influence des lobbies sur le vote des lois au sein du parlement européen.
A l’instar de l’opération menée par le collectif Regards Citoyens sur l’impact des propositions des lobbies en France, lobbyplag scrute et compare les amendements proposés par les lobbies avec les propositions présentées par des parlementaires européens.

 

Pour ce faire, lobbyplag utilise la bonne volonté des internautes pour lire des dossiers et comparer les textes de lois avec les propositions des lobbies.

C’est là une utilisation du Data-mining, thématique qui a le vent en poupe en ce moment.

Regardons de plus près. Parmi ces données, on peut observer une recommandation du lobby du numérique Digital Europe. La voici.

Capture d’écran 2013-03-06 à 21.53.58 

(Copie d’Ecran Proposition Digital Europe)

 

Digital Europe est une organisation qui regroupe des acteurs majeurs de l’industrie numérique : Alcatel-Lucent, et Nokia mais aussi les américains Apple et Microsoft, le chinois ZTE, le sud-coréen Samsung. Europe, j’écris ton nom.

L’organisation dispose d’une grande proximité avec les insitutions européennes.
Proximité géographique d’abord.

 

Capture d’écran 2013-02-27 à 18.28.28


Proximité politique en second.

Dans un second, mis à disposition ici par le site La Quadrature du net, Digital Europe fait part de ses propositions d’amendement à la Commission européenne. Une action somme toute très classique dans la lobbycratie bruxelloise et que le documentaire The Brussel Business diffusé sur Arte la semaine passée est venu rappeler avec pertinence.

 

Ce qui l’est moins est de regarder le devenir de cette suggestion de Digital Europe. C’est là que le projet Lobbyplag intervient. Très soucieux des questions numériques (utilisation des données, anonymat, neutralité du net…), le site internet propose une comparaison entre ces recommandations et les amendements déposés.

Voici l’un des résultats que l’on obtient.

Capture d?e?cran 2013-02-27 a? 17.55.25

 

De l’avantage du copier-coller.

Les éléments présentés ici ne figurent pas dans le document de la Commission. Ils viennent limiter les responsabilités financières des sociétés qui seraient mises en cause. Ils seront repris en de début d’année par le parlement avec un fort degré de similarité.

 

Regardez à nouveau l’image précédente. En bas à droite, on peut y lire un nom. Ici, il s’agit de celui de Malcom Harbour, député européen britannique membre de l’ECR pour European Conservatives and Reformists. Il est le président de la Commission “Marché intérieur et protection des consommateurs”.

Il a été un temps “governor” de l’European Internet Foundation (EIF), constitué de parlementaires européens pour réfléchir sur l’impact de la révolution technologique sur l’Europe, et dans laquelle on retrouve en tant que “business members” des sociétés telles que Alcatel-Lucent et Nokia mais aussi les américains Apple et Microsoft entre autres. Tiens cela rappelle le contenu d’un paragraphe un peu plus haut dans cet article. Sauf qu’ici pas de traces de ZTE ou de Samsung.

 Malcom Harbour a une particularité, selon lobbyplag, il est le parlementaire référencé sur le site à avoir le taux le plus haut de reprise d’amendements de lobbies, 25%.

Capture d?e?cran 2013-02-27 a? 18.26.06

Pour lui faciliter la tâche, voici le plan pour se rendre du Parlement Européen à partir aux locaux de l’EIF, en passant par ceux de Digital Europe et ceux de G+ Europe, le cabinet qui représente Apple à Bruxelles. Google, membre également de l’EIF indique que cela prend environ 35 minutes pour rejoindre la destination avec ces deux étapes. 35 minutes. Idéal pour la digestion.

Mikaël Cabon

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *