Lobbies anti et pro-nucléaire. Quand le Japon fait les larrons

Au-delà de l’émotion provoquée par le nombre de morts au Japon suite au Tsunami, la question centrale de ces derniers jours est posée par la fusion de cœur nucléaires dans différentes centrales japonaises, situées sur la côte est de l’archipel.

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En France, le débat sur la sûreté du parc français a été attisé par les écologistes, parmi lesquels le réseau « Sortir du nucléaire ». Une occasion en or pour cette coordination d’associations qui a mobilisé ses militants pour faire entendre sa voix et ses arguments. Notamment ceux indiquant sur le niveau de sécurité des centrales françaises est insuffisant, en s’appuyant notamment sur le fait que les réacteurs, notamment l’EPR, ne résisteraient pas au crash d’un avion de ligne. Le réseau propose également aux internautes de financer une campagne d’informations visant à la distribution d’un million de tracts démontrant les dangers de la filière nucléaire en France.

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De son côté, l’Etat, par la voix du président de la République, du ministre de l’industrie, Eric Besson, et de l’écologie, Nathalie Koszicusko-Morizet, ont répondu qu’il n’y avait rien à craindre. Dans le même temps, l’action du groupe français, Areva, l’un des principaux constructeurs de centrales au monde, dévisse en bourse, et l’on craint le pire pour les stocks-options de ses dirigeants. La rubrique actualités du site de l’industriel préfère d’ailleurs évoquer les problèmes japonais sous l’angle humain plutôt que technique.

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Tectonique des équilibres financiers.

Comme souvent, la réalité se situe entre le catastrophisme potentiel des uns et la rassurance éhontée des autres. En plus de l’enjeu sanitaire, même si la France n’est pas dans le même contexte géologique que le Japon, il est ici question de finances, et pas pour trois euros six cents. Mais avec 58 réacteurs nucléaires, notre pays possède le deuxième parc au monde.

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Dans un rapport publié en 2005, la Cour des Comptes estimait à 63 milliards d’euros le coût, à terme, du démantèlement de l’ensemble du parc nucléaire français, une fois celui-ci arrivé en fin de vie, ce qui est le destin commun des réacteurs nucléaires malgré les prolongations de durée décidées au plus haut niveau de l’Etat.

Ainsi, par exemple, pour la simple, et petite centrale de Brennilis, il convient de provisionner au total la somme de 600 millions d’euros. Construite entre 1962 et 1967, arrêtée en 1985, devant son inefficacité énergétique par rapport aux technologies d’alors, la centrale bretonne fait depuis l’objet d’une déconstruction. Suite à différentes plaintes, cette déconstruction a été stoppée en 2007 en raison de problèmes de fuites et d’insécurité pour les travailleurs-déconstructeurs, présents sur le site, et confirmés par une étude de la CRIIRAD. Un rapport d’enquête publique relative à la demande, présentée par EDF, de mise à l’arrêt définitif et de démantèlement complet de l’installation d’entreposage de matériels de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée, publié en 2009, montrait que l’urgence d’un démantèlement total n’était pas avérée. En particulier en raison du fait qu’aucun lieu de stockage des déchets ultimes n’était prévu de manière pérenne. Dans l’attente de l’ouverture du site dédié, dans l’Ain, à l’horizon 2014. En attendant cette date, les campagnes de publicité d’Areva et EDF (qui a pris un sacré bouillon sur ses projets dans le nucléaire aux USA cet hiver) font l’objet de détournements publicitaires.

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Il en va de même en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, et on lira cet article du mensuel l’Expansion pour s’en informer. En Allemagne, selon cet article de Rormandie News, « « Nous avons des normes de sécurité extrêmement élevées en Allemagne » en cas de catastrophe naturelle, a assuré M. Grossmann, considéré comme le porte-voix du lobby nucléaire allemand.


La question des coûts du nucléaire, doit évidemment être posée, et devrait faire l’objet de débats réguliers dans notre pays. Cela devrait débuter par l’éducation aux risques et aux mesures de prévention. En effet, on peut s’interroger sur la nature de nos réactions, en matière de secours par exemple, si de tels événements devaient survenir en France. Est-ce que dans l’ensemble des zones la simulation menée à Tricastin est réalisée de manière régulière ?

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Qu’en-est-il exactement de l’information des citoyens résidant près des zones concernées ? Dispose-t-on aujourd’hui du nombre de cachet d’iodes suffisants pour faire face, puisque les masques achetés lors de la crise de la grippe A semblent inappropriés dans ce cas ? Quid des centrales nucléaires des ex-pays de l’Est dont l’état ne cesse de se détériorer et qui constitue vraisemblablement les lieux des pires craintes ? NKM informait les téléspectateurs ce dimanche matin que l’ensemble des données du réseau Téléray, qui mesure le niveau de radioactivité sur le territoire français, seraient disponibles ce lundi, hier, sur le site de l’IRSN. Aujourd’hui, mardi, il n’en est toujours rien. Cette histoire pourrait paraître anecdotique, elle témoigne des difficultés à débattre du sujet du nucléaire en France dans un climat serein. Quand il s’agit d’un sujet aussi important, l’inquiétude est de mise quant à notre capacité à animer notre démocratie.

Cadeau-bonus. Comme le pire n’est jamais sûr. Offrez-vous un abri anti-nucléaire.

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