Le lobbying de Google peine à porter ses fruits

4,03 millions d’euros de dollars, c’est le montant des dépenses en lobbying de Google pour l’année 2009 pour influencer le congrès américain selon le site Opensecrets.org, cité par l’Express de cette semaine qui consacre un dossier à Google : « L’empire contre-attaque ». Google rattrape ainsi progressivement Microsoft dans la course au lobbying comme le montre l’infographie ci-dessous.


Le lobbying de Google aux USA vise notamment la propriété intellectuelle ainsi que la numérisation des livres, comme l’indique le site Philstar.com : « Some of Google’s lobbying efforts in the third quarter addressed plans for digital books, as well as other intellectual property issues. The lobbying occurred in the House of Representatives, Senate and Commerce Department, according to the disclosure form filed Oct. 20 with the House clerk’s office. »

En France, le géant de l’internet avait essayé de se rabibocher avec les milieux de la culture en organisant un repas en janvier avant de reporter son invitation à une date ultérieure. Le monde de la culture, éditeurs, producteurs de cinémas…, s’inquiète de la domination du moteur de recherche et surtout de l’utilisation, parfois sans autorisation, d’une partie de ses contenus via Google Actualités pour la presse ou bien le site de partage vidéos, propriété de Google, Youtube. D’autres sujets sont également au cœur de la stratégie de Google : la neutralité du net (Net neutrality) mais aussi, peut-être surtout, la question de la confidentialité des données personnelles, pour qui l’exploitation des données personnelles des internautes est le cœur de métier pour vendre de la publicité qui constitue la principale source de recettes du géant américain.

L’attaque des clones

Mais Google n’est pas le seul à entamer des actions auprès des législateurs. Parfois mis en cause par d’autres moteurs de recherche ou sociétés passées dans le bac à sable de Google, ou supposant une entrave à la libre concurrence. Google s’associe parfois à certains concurrents, comme Bing de Microsoft, pour défendre ses positions. C’est actuellement le cas à Bruxelles en ce qui concerne la confidentialité des données.

La menace fantôme

En janvier dernier, suite à la présentation du rapport Zelnik, le président de la République, Nicolas Sarkozy, évoquait une « taxe Google » en demandant J’invite aussi Christine Lagarde à lancer au plus vite une expertise pour  appréhender  fiscalement  les  activités publicitaires des grands portails et moteurs de  recherche internationaux présents en France. Pour  l’instant ces entreprises sont  taxées dans  le pays siège alors qu’elles ponctionnent une part  importante de notre marché publicitaire. Cela s’appelle de  la fuite de matière  fiscale,  et  c’est  particulièrement  dommageable. Cela  altère  aussi  le  jeu  de  la  concurrence.Donc  nous  allons    solliciter  un  avis  de  l’Autorité  de  la  concurrence  sur  l’éventuelle  position dominante  acquise  par  GOOGLE  sur  le  marché  de  la  publicité  en  ligne.  Il  faut  que  toutes  les entreprises soient traitées sur un pied d’égalité. Ce n’est que justice. ». Cette dernière aurait pour objectif de financer une partie de l’effort national pour la diversité culturelle et la perte de revenus engendré par le passage (NDLA : et surtout la mauvaise anticipation de celle-ci par les acteurs concernés) de l’économie culturelle au numérique. L’autorité de la concurrence a été saisie du dossier et devrait rendre son avis d’ici l’été prochain. Reste à voir la réalité de la taxe, son montant et les éventuelles dérogations. Rien ne dit qu’elle serait productive dans une économie mondialisée et surtout facile à mettre en œuvre par l’administration fiscale. Martin Bouygues, le patron de TF1, ne s’en laisse pas compter, annonçant : « Eh bien nous allons saisir l’autorité de la concurrence sur l’éventuel abus de position dominante acquise par Google sur le marché de la publicité en ligne. Je n’ai rien contre, moi, mais je veux les mêmes règles pour chacun. Ça n’est que justice. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’on dirait si c’était une entreprise française qui aux États Unis se comportait comme cela ? » dans un article de Pc-Inpact. Rien à voir avec les propos de Nicolas Sarkozy cité plus haut ! Attention, comme le dit maître Yoda : « la peur tue l’esprit ».

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Un nouvel espoir

Pour Google, l’enjeu de la bataille est désormais législative tant aux USA, en Europe qu’en France. Pour cela Google n’hésite pas « à draguer les politiques », nous dit l’Express. Ou bien à les intégrer dans son conseil d’administration comme c’est le cas par exemple pour l’ancien candidat à la présidence américaine, Al Gore, Prix Nobel de la Paix. Plusieurs de ses anciens dirigeants sont également membres de l’administration de Barack Obama, tel Andrew McLaughlin.

Le retour du Jedi

Si Google dispose de solutions utilisées à travers à la planète par des millions de personnes, son moteur de recherche certes, mais également sa messagerie, son service de géo-localisation…, son hégémonie inquiète. Après avoir été le tombeur de bien des monopoles en accompagnant intelligemment le développement d’internet, l’entreprise est exposée à l’effet ciseau. Microsoft apparaît dès lors comme le seul concurrent suffisamment armé pour contrer sa domination, avec ou sans Yahoo dans son escarcelle.

Quoiqu’en disent les google-sceptiques, l’entreprise reste hors-normes. Son récent désir de désengagement en Chine, pour des raisons autant politiques que commerciales, et l’attrait qu’elle suscite auprès des jeunes diplômés, son mode de management par projets très ouvert, en font une entreprise hors-normes. Hors-normes mais pas hors-la-loi comme les différentes plaintes à son encontre viennent de lui rappeler brutalement.

Mikaël Cabon

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