Le monde du cinéma est réticent à la diffusion du sport dans les salles obscures. « Un décret nommé désir »

Le hors-film dans les cinémas effraie les producteurs du septième art. Le hors film consiste en la diffusion dans les cinémas d’autres productions que des films de cinéma. Cela se fait déjà pour l’opéra, avec un certain succès. Mais ce sont surtout les retransmissions sportives qui attirent des spectateurs. Cela s’est fait par exemple pour un match de rugby, France-Angleterre en mars dernier, en 3D pour Defeat, Destruction and Disappointed en ce qui concerne les Anglais qui ont perdu ce match sur le score de 12 à 10. C’est la société Ciel Ecran qui s’occupe de ces retransmissions.

Elles ne sont pas du goût des professionnels du cinéma et en particulier du CNC. Ceux-ci craignent que les retransmissions sportives prennent la place des films d’auteurs. Les blockbusters ne sont pas menacés mais les petits films qui éprouvent déjà des difficultés à se faire diffuser, pour des raisons soit de choix des distributeurs soit de coût des copies numériques ou non des films.

Le Buzz média – Véronique Cayla – kewego
La directrice du Centre National de la Cinématographie était l’invitée du Buzz média Orange-Le Figaro.

Le cinéma est très souvent fervent quand il s’agit d’évoquer le lobbying des autres secteurs. Mais il n’est pas en reste quand il s’agit de défendre ses intérêts. Les producteurs de cinéma font donc pression pour éviter que la Coupe du monde de football qui approche ne soit pas l’occasion pour les multiplexes de gonfler leurs recettes en retransmettant les matchs. C’est le CNC qui est chargé de la manœuvre. Emmanuel Berretta l’expliquait dans cet article du Point : « Mieux ! Le jackpot des places est double… D’abord parce qu’il génère un chiffre d’affaires plus élevé, ensuite parce qu’il entraîne de la part du CNC une subvention plus importante. On l’ignore souvent mais chacune des 5.500 salles de cinéma en France dispose, en effet, d’un compte au CNC sur lequel est reversée automatiquement une partie du produit de la « taxe spéciale additionnelle » (environ 11 % sur chaque ticket vendu). Globalement, chaque année, cette aide s’élève à 50 millions d’euros saupoudrés sur le parc des salles françaises », écrivait le journaliste.

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Pour l’heure, aucun décret en ce sens n’a été publié. Compte tenu des délais de publication des décrets en France, cette disposition sera peut-être en vigueur pour le prochain championnat d’Europe de football en 2016, « comme l’a dit les Zinédine ».

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Un intérêt évident pour le public

Une récente enquête de Médiamétrie montre que près d’un quart des français seraient intéressés par une retransmission des matchs au cinéma. L’ambiance y est festive, conviviale, avec une qualité de diffusion largement supérieure à celle de foyers. Il manque juste les bières. De leur côté, les fabricants d’équipements se frottent les mains, et la FIFA aussi qui y voit une manière d’augmenter ses recettes.

Un cinéma en pleine forme

Le cinéma est féru de ce genre de polémiques. On se souvient que quand le réseau de salles UGC avait décidé de lancer une offre d’abonnement illimité, les autres réseaux en avaient les premiers pourfendeurs ainsi que les producteurs qui voyaient leur rémunération par spectateur baisser (celle-ci est, généralement, un pourcentage du prix de vente de la place).

C’est d’autant plus étonnant que les Français n’ont jamais été au cinéma que ces temps-ci. La qualité des films l’explique peut-être, la rénovation des salles via la création de multiplexes plus confortables assurément, et l’introduction de nouvelles technologies comme le numérique et la 3D en améliorant l’expérience de consommation du divertissement sans conteste.

Et ce malgré les « méchants pirates ». Comme le montre ce graphique.

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Et les Blu-ray ne connaissent pas le succès escompté, en raison notamment de déficience de taux d’équipement des ménages et de prix prohibitif et du développement des offres de vidéos à la demande, les DVD ne sombrent pas entièrement. Sans compter les droits dérivés des films, les recettes liées aux rediffusions, qui se développent du fait de l’augmentation du nombre de chaînes de télévision sur la TNT, et de celles liées au placement de produits.

En définitive, le cinéma est certes un art. Comme tous les arts, il se veut en dehors du champ de la vile marchandisation et se drape parfois dans un idéalisme esthétique duquel ne sont jamais très éloignées les contingences financières et les intérêts parfois divergents des parties prenantes.

Cadeau bonus. En Inde, le cinéma est roi. Les films de Bollywood attirent 4 milliards de spectateurs chaque année dans les salles. Voici un extrait de Kuch Kuch Hota Hai et le générique de fin de Slumdog Millionaire, film tiré du livre de Vikas Swarup.

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