(Maj : 20/01/2010. Une dépêche annonce qu’Henri Proglio renonce à sa double rémunération.
Il ne touchera donc pas de salaire de la part de Véolia). En se voyant proposer la présidence d’EDF, Henri Proglio émet un souhait : ne pas perdre d’argent au passage. A la tête de Veolia, il gagnait 1,6 million d’euros par an (chiffre 2008). A la tête d’EDF, il en veut au moins autant. Problème, le prédécesseur d’Henri Proglio à EDF, Pierre Gadonneix, émargeait à un peu plus de 1.100.000 euros annuels. Cette rémunération du président de l’énergéticien français est très symbolique. Nombre de salariés sont encore des fonctionnaires et l’entreprise est le symbole d’une certaine réussite du capitalisme français : une grosse dose d’Etat mâtinée de performances techniques et commerciales honorables dans un climat social presque serein. Voilà pour le tableau. Celui-ci pourrait vite changer. Veolia vient de fixer la rémunération du président de conseil d’administration, Henri Prolio I, à 450.000 euros. EDF, devrait statuer autour d’1,6 million, même si ce n’est pas gagné, pour Henri Proglio II.
Au passage, Henri Proglio va donc gagner 400.000 euros de plus (dans l’état actuel des choses), soit une augmentation de 25%. On imagine que cela donnera des idées aux syndicats d’EDF pour leurs négociations salariales.
Par rapport à ses autres collègues, cette rémunération est dans les normes de celles des dirigeants français et l’homme a su montrer ses qualités de manager par le passé. Elle pose néanmoins question :
– Après avoir dit le contraire, par la voix de Christine Lagarde au Sénat, « Il n’est pas question de cumul de rémunérations. M. Proglio n’en percevra qu’une,… », lire ce passage épique de l’audience au Sénat (cela se trouve vers la fin), où même sur les bancs de la majorité, les critiques sont palpables, voilà que le gouvernement de fait avalise ce passe-droit.
– Là où des salariés n’ont pas le droit de cumuler deux jobs au-delà d’un certain nombre d’heures par semaine, on peut finalement être le dirigeant des deux plus grosses entreprises françaises sans problème.
– Rien n’est dit sur les éventuels conflits d’intérêts qui peuvent exister dans l’exercice de ces deux fonctions et sur la manière de les arbitrer le cas échéant.
– Il pose la question de la rémunération des patrons. Laurence Parisot indique qu’elle va regarder si cette rémunération est conforme au code éthique du Medef.
– On lui conseille de demander cela directement à Henri Proglio IV, le membre du conseil d’administration de CNP Assurances, et président du comité des rémunérations, donc en charge d’évaluer le salaire des dirigeants, donc notamment pour Edmond Alphandéry, le président de CNP Assurances, ancien ministre de l’économie et ancien président d’EDF, mais aussi membre du conseil d’administration e Suez, Calyon et compagnie.
– Ou à Henri Proglio V, président du conseil d’établissement d’HEC.
Ces multiples casquettes, qui ne sont pas celles de son frère jumeau, René, témoigne d’une énergie débordante d’Henri Proglio, et il en faut à la tête d’EDF. Néanmoins, cette affaire, si elle intéresse l’opinion publique, arrive à un mauvais moment pour EDF et pour la filière nucléaire française en général.
Espérons pour Henri V que le texte de la chanson des Strokes qui illustrer les publicités d’EDF ne soit pas prémonitoire.
« He want it easy, he want it relaxed
Said , « I can do a lot of things, but I can’t do that »
He wants a-two steps forward and three steps back, it won’t be easy »
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=pIfyuDTWv64[/youtube]
En effet, ces dernières semaines :
– Des retards sont annoncés sur le chantier de l’EPR de Flamanville construit par EDF
– Des retards sont confirmés sur le chantier finlandais de l’EPR d’Areva
– Un gros contrat avec Abu Dhabi, 20-30 milliards de dollars ?, a été perdu au profit des sud-coréens, en raison notamment d’une offre française atomisée et dans laquelle EDF n’a semble-t-il pas fait le forcing pour aider Areva.
– Le traitement des déchets des centrales nucléaires françaises détenues par EDF n’est plus confié, depuis le 1er janvier 2010, à Areva, en raison d’un problème de contrat de sous-traitance, qui témoigne en fait d’une défiance entre les deux entreprises. Les dirigeants de ces entreprises, Anne Lauvergeon et Henri Proglio, vont être reçus en urgence par François Fillon pour accorder leurs violons.
http://www.lemonde.fr/tiny/1293618/#xtor=AL-32280258
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