Tabac et santé ne font pas bon ménage. Ce puissant secteur économique, pourvoyeur d’importantes recettes fiscales pour les Etats, est dans la tourmente au fil du développement des politiques sanitaires dans les pays occidentaux. Hygiénisme diront les uns, précaution diront les autres. Entre pro et anti-tabac, la guerre n’est pas celle du feu mais elle ne se réalise pas coup de rond de fumée non plus.
Tabac et incendies domestiques
Dans son livre, Lobbying et Santé, paru aux Editons Pascal en collaboration avec la Mutualité française, Roger Lenglet rappelle la responsabilité de la cigarette dans les incendies domestiques. L’auteur cite une étude de McGuire, Cigarettes and Fire Death, qui montre qu’entre 2.000 et 24.000 décès avaient lieu aux USA dans les années 70 et 80. « Ces tragédies sont provoquées par des mégots mal éteints, des explosions de nuages de gaz entrant au contact de cigarettes incandescentes, des déflagrations de vapeurs d’essence ou de dissolvant pour les ongles au moment d’appuyer sur un briquet… Pour ne pas parler des fumeurs, très nombreux, qui s’endorment avec leur cigarette allumée ou l’oublient sur un meuble ». Face à cette information, le lobby du tabac américain tente d’éviter la propagation de la nouvelle et envisage même de lancer une campagne de promotion de la vigilance des fumeurs sur les incendies liées au tabac dans l’idée de s’honorer des résultats en matière de réduction des décès. Avant de faire marche arrière devant la pression de l’opinion publique. Et de rappeler qu’ « En France, le problème n’est soulevé par personne ».
Depuis l’instauration de législations très restrictives sur cette question, les décès par les feux domestiques liés aux cigarettes seraient désormais de l’ordre de 700 à 900 par an selon USA Today dans un article datant de 2006. L’idée des cigarettiers a pendant longtemps été de mettre en doute les études épidémiologiques sur les dangers du tabac en lançant les leurs propres, afin de noyer le poisson ou bien en misant sur la promotion. La série Mad Men, qui remporte un gros succès outre-atlantique raconte l’histoire d’une agence de publicité qui vante, notamment, les avantages à fumer. Les scènes se déroulent dans les années 50.
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Comme tous les produits proposés sur les étals, le tabac utilise le marketing-mix (les 4 P) en jouant sur le prix, la distribution, le produit et la promotion. Sur ce dernier point, on constate sur le graphique ci-dessous le lien entre ventes de cigarettes et promotion. On peut le voir de manière plus claire à partir de ce lien.
Pour retarder l’application de lois restrictives, de nombreux parlementaires se sont engagés dans ce combat semble-t-il perdu à l’avance. Edouard Courtial fait partie de ce groupe avec Thierry Mariani et André Santini. Le député UMP de l’Oise a ainsi proposé en mars 2006 une loi « visant à concilier lutte contre le tabagisme passif et maintien d’un tissu économique local ».
Ce n’est pas tout. Comme le souligne l’Internaute, « Afin d’influencer les politiques, « British American Tobacco » a mis à la disposition des parlementaires des loges aux internationaux de tennis de Roland Garros, au printemps dernier, ainsi que des places pour assister au Mondial de foot en Allemagne. Le groupe a également organisé, avec le Club des parlementaires amateurs de havane, un dîner dans les salons de la présidence du Sénat, quelques jours avant la présentation du rapport de la mission parlementaire sur l’interdiction de fumer. Le président de la Confédération des débitants de tabac organise aussi régulièrement des petits-déjeuners avec les élus ».
Cela fonctionne parfois. En octobre 2009, les députés ont adopté l’augmentation du prix du tabac à hauteur de 6% contre les 10% qui étaient proposés. Ce qui a entraîné l’ire de Marisol Touraine, une députée PS. Comme le rappelle le journal les Echos, cette hausse des prix du tabac ne s’est pas accompagnée d’une hausse équivalent des droits d’accises, les taxes prélevées sur les ventes de tabac.
Manque à gagner pour l’Etat : « entre 66 et 90 millions d’euros » par an, selon Yves Bur, chantre de la lutte anti-tabac et député UMP.
L’objectif des compagnies du tabac dans les pays occidentaux est de jouer la carte de la liberté de fumer. Fumer serait donc un droit fondamental au même titre qu’affirmer son opinion, se réunir, se déplacer… Elles ont été aidées en ce sens par la campagne menée par les buralistes à l’occasion de la loi de 2008 visant à interdire de fumer dans les bars-tabacs, restaurants, discothèques et autres lieux publics. Cette loi est la suite logique de la loi Veil de 1976 et de la loi Evin de 2001 sur la publicité sur le tabac. En mobilisant des corps sociaux associés à ses intérêts, l’industrie du tabac joue la carte de la démagogie non sans succès puisque la pétition mise en place à l’époque avait reçu plus d’un million de signatures. Elle a permis au monde du tabac d’apparaître comme le héraut de la liberté et aux buralistes de récupérer quelques dotations supplémentaires de la part des pouvoirs publics pour arrondir leurs fins de mois. Si les buralistes sont donc des « résistants », je vous laisse imaginer le qualificatif qui sied alors aux anti-tabac. D’autant que d’autres initiatives viennent contre-carrer les efforts des anti-tabac. Comme celle de ce cafetier qui s’est remis à fumer juste par esprit de contradiction (il avait été l’un des premiers cafetiers à interdire de fumer dans son bar en 2000, puis l’un de ceux qui avaient autorisé ses clients à fumer après la loi de 2008) ou bien ces nouvelles qui nous proviennent d’Australie ou des Etats-Unis où l’on apprend qu’il est désormais interdit de fumer dans certaines bourgades toute entière, dans son appartement, sur son balcon ou bien dans son automobile si l’on transporte des enfants.
Direction le Tiers-monde
Désormais, les compagnies du tabac s’attaquent aux marchés émergents avec le couteau aux dents. Afrique, Chine… deviennent les nouveaux eldorados du tabac avec des stratégies commerciales reposant sur le street marketing, distribuer des cigarettes gratuites devant les écoles, promouvoir l’usage du tabac en mettant en avant des icônes culturelles en train de fumer… Le reportage vidéo ci-dessous le témoigne.
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Et pendant ce temps-là chez les anti-tabac…
Sur l’autre bord de l’échiquier du lobbying du tabac, on retrouve une quantité de scientifiques et de politiques désireux de changer les comportements des français à l’égard de ce produit particulièrement addictifs. Yves Bur, on l’a dit, à l’Assemblée mais aussi Gérard Dubois, président de l’Alliance anti-tabac, et auteur du livre : « Rideau de la fumée : les méthodes secrètes de l’industrie du tabac ».
Dans l’introduction à son livre, Gérard Dubois évoque l’histoire de « Jeffrey Wigand. « En avril 1994, Jeffrey Wigand reçoit des coups de téléphone anonymes : » Ne déconne pas avec le tabac » » Tu as trois enfants, pense à eux. Laisse tomber ou ils souffriront. » Jeffrey Wigand est l’ancien vice-président de la recherche et développement du fabricant de cigarettes américain Brown & Williamson. En contact avec un journaliste, il envisage de révéler ce qu’il sait sur la fabrication des cigarettes. Vivant depuis dans la terreur, il garde constamment un revolver dans sa voiture et escorte ses enfants jusqu’à leur école. Un matin, il découvre une balle dans sa boîte-aux-lettres ».
Jeffrey Wigand a inspiré un film avec Al Pacino et Russel Crowe, The Insider, qui a donné Révélations en France.
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Dans Thanks for smoking on retrouve également cette même thématique vue sous l’angle du lobbyiste cette fois.
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Parfois néanmoins, les anti-tabac vont un peu loin dans l’exploitation des chiffres liés au tabagisme comme le rappelle le professeur Robert Molimard, tabacologue dans cette interview.
Ou bien utilisent des méthodes qui ne dénatureraient pas chez les pro-tabac comme le précise cet article du site canadien ledevoir.com.
On a ainsi pu lire (courant 2006-2007 et puis plus récemment sur la toile fin 2009-début 2010) que l’une des publicités de l’INPES sur le tabac aurait été censurée en raison de l’action des entreprises du tabac. La campagne Toxic Corp, excellente au demeurant avec son thème ironique de « replacement smoker », que nous traduirons par fumeur de remplacement pour satisfaire aux contraintes de the Toubon’s law, pardon de la loi Toubon, a été lancée en 2006.
Ailleurs en Europe, d’autres campagnes marquent également les esprits. En fait, se cachait derrière cette rumeur une campagne de marketing viral visant à assurer la promotion de la campagne.
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Ces techniques peuvent desservir le front anti-tabac. Comme l’annonce de la « censure » de photos montrant des fumeurs en train de fumer. Ainsi, récemment, plusieurs affiches de promotion pour des films ou des expositions. Serge Gainsbourg, Jacques Chirac ou encore Coco Chanel et Jacques Tati se sont vus retirés la cigarette qu’ils portaient à la bouche pour les besoins de la cause.
L’attitude vis-à-vis du tabac est très différente de celle qui prévaut pour l’alcool.
Cette attitude en matière de communication peut durablement desservir l’action des anti-tabac. Cela conforme comme le sait depuis René Magritte que la perception de la réalité importe plus que la réalité elle-même.
NB. Attention, cet article n’est pas libre de droits. J’accepte volontiers que son contenu soit repris à condition de me le demander au préalable : mcabon@gmail.com
Votre analyse tombe dans le piège de la pseudo-objectivité, qui consiste à donner un même poids aux deux parties d’une pseudo-controverse (un travers dans lequel beaucoup de journalistes tombent facilement, généralement par paresse intellectuelle). Il existe un lobby pro-tabac, certes, bien connu, émanation naturelle des compagnies multinationales (en fait, le cartel de la nicotine): face à un tel lobby, il ne peut donc y avoir en face qu’un « lobby anti-tabac », en application du principe réducteur selon lequel une équipe de football ne peut être confrontée qu’à une autre équipe de football.
Les spécialistes de santé publique qui luttent contre le sida ne sont pas, eux, décrits comme le « lobby anti-sida », puisqu’ils ne s’opposent pas à une industrie du sida, dont l’activité favoriserait la transmission du HIV. En Afrique, les personnes engagées dans la lutte contre le paludisme ne sont pas désignées comme le « lobby anti-malaria »: s’opposer à l’action des moustiques ne met en danger aucun pouvoir économique.
Par contre, tout spécialiste de santé publique qui consacre ses efforts à lutter contre la principale cause de mort prématurée dans le monde, le tabagisme (5,4 millions de décès par an, un décès toutes les 6 secondes – juste après la faim), ne peut que faire partie du « lobby antitabac ». Ses efforts sont suspects, puisqu’ils menacent la profitabilité d’une industrie, celle du tabac. Sa motivation de santé publique – que l’on a aucune peine à accorder au spécialiste engagé dans la lutte contre le sida ou contre le paludisme – devient secondaires, quand il ne constituent pas une façade derrière laquelle se cachent quelque motivation occulte – complot de l’industrie pharmaceutique, conspiration « hygiéniste », etc.
C’est la triste réalité du piège que les mots et les expressions qui circulent dans la conscience collective nous tend. Conscience collective qui est largement alimentée, voire manipulée, par l’industrie du tabac et ses agences de relations publiques, avec, on le constate, une diabolique efficacité. L’épisode des « censures » des affiches du métro (Tati, Coco Chanel, Gainsbourg, etc.) n’est qu’un des dernières manifestation de cette manipulation, et l’on a pu constater avec quelle facilité, voir complaisance, les médias, et jusqu’au présent blogue, ont servi d’amplificateur à cette opération, sans aucun esprit critique par rapport à ses réelles motivations et sans jamais se poser la question de savoir à qui « profite le crime ».
Bonjour. Ce n’est pas parce qu’un « crime » profite à un secteur d’activités qu’il en est le coupable. Ce serait aller vite en besogne. Pour l’affirmer il faut des preuves. Quand je ne les ai pas, je n’affirme pas. Mais peut-être pouvez-vous m’indiquer quelques sources qui permettraient d’y voir plus clair sur la question de la censure des affiches dans le métro par exemple.
En s’arrogeant la thématique de la liberté, avec la complicité tacite des buralistes (qui sont des médiateurs essentiels en matière de santé publique puisqu’ils vendent le tabac et l’alcool) et de fait d’une partie des médias, le monde du tabac a réussi à reprendre le jeu en mains. C’est ce que je veux expliquer dans cet article. On parle aujourd’hui du « droit de fumer » comme un droit fondamental. En apparaissant comme liberticides j’ai dit en apparaissant, les anti-tabac se ferment à toute une partie de la population qui réagit de manière épidermique lorsque l’on cherche à lui supprimer ce qu’elle considère comme une liberté.
Dans cet article, la place consacrée aux lobbies du tabac est largement plus importante que la partie dédiée aux anti-tabac. Elle est à la mesure, me semble-t-il des techniques employées par les compagnies du tabac pour influencer la législation. Ce n’est pas une raison néanmoins de ne pas pointer du doigt chez les anti-tabac des dérives en matière de communication qui ne peuvent être que préjudiciable à cette cause. D’autant que ses liens avec l’industrie pharmaceutique, qui y voit un marché pour les substituts à la nicotine, sont étroits.
Concernant votre remarque sur le sida, il me semble qu’en la matière on est sur un niveau différent. Tout comme on ne parle pas de lobby du cyclone, on ne peut effectivement pas parler du lobby pro-sida. Mais les organisations publiques, les états concernés, ont mis en place des stratégies d’influence pour faire remonter sur le devant de la scène cette question sanitaire. Celle-ci, dans un contexte budgétaire limité, est en concurrence avec d’autres priorités qu’il faut hiérarchiser. Celui qui ne fait rien, n’agit pas, n’espère qu’une forme de miséricorde de la communauté internationale ne peut que tomber dans l’oubli. Cela peut paraître désespérant mais c’est ainsi. Donc, quand des états comme l’Afrique du Sud ou bien le Brésil souhaite monter des lignes de production de médicaments génériques pour le traitement du sida qui touche une part importante de leurs populations, elles vont à l’encontre des règlements internationaux, et doivent justifier auprès des autres pays ce passe-droit et ainsi de suite. Donc un lobby anti n’est pas nécessairement généré par un lobby pro. Cela dépend des circonstances. Ce qui est certain c’est qu’en matière de santé publique, la concurrence est rude. Tout ne peut pas être prioritaire au regard de l’opinion publique et du consommateur final qu’est le citoyen, sa capacité à recevoir des messages, est limité, ce qui peut donner lieu à une surenchère de la part de ceux qui cherchent à l’influencer, serait-ce pour son bien.
MC
En fait, il y a pour moi une différence fondamentale entre les personnes motivées par une logique d’intérêt public et général – ce qui est généralement le cas de spécialistes de santé publique impliqués dans la lutte contre le tabagisme, du moins ceux dont je connais la réputation – et celles qui sont mues par des intérêts particuliers, en particulier les intérêts commerciaux des multinationales du tabac (et aussi de l’alcool, de l’agro-alimentaire, etc.). Selon Wikipedia, le terme lobby a « une connotation essentiellement péjorative, les lobbies étant perçus comme défendant des intérêts particuliers ou corporatistes aux dépens de l’intérêt général ». Certes, Wikipedia précise que, pourtant, « l’influence d’un lobby ne s’opère pas nécessairement contre la volonté des décideurs politiques, ou de l’intérêt général ». Même si votre article utilise le terme « lobby anti-tabac » sans intention péjorative, ce n’est pas forcément la façon dont le terme sera compris par vos lecteurs. La connotation négative attachée à ce terme lui colle à la peau, et il est difficile de l’en débarrasser. De plus, le qualificatif « anti-tabac » a un caractère négatif (anti-…) qui renforçe la connotation péjorative du terme « lobbying » auquel il est adjoint.
D’autre part, la désignation choisie dans le titre de l’article, « lobby pro et anti tabac », constitue une prise de position qui plaçe trompeusement le lobby pro tabac et la santé publique sur un même plan. Si ce n’est pas votre intention, alosr le titre ne convient pas à l’article, et cède au caractère réducteur – et séducteur – d’une pseudo-objectivité, celle du renvoi dos-à-dos, celle du débat de type « 5 minutes aux Juifs, 5 minutes à Hitler ». L’article, plus nuancé, aurait mérité mieux.
En ce qui concerne le coup monté des « censures », tous les indicateurs sont là pour y voir une manœuvre des industriels du tabac, par agences de publicité et agences de relations publiques interposées. La loi Evin est en vigueur depuis 1991. Pendant 18 ans, calme plat (à part une cigarette de Sartre bêtement gommée sur une affiche de la BNF il y a cinq ans). Et puis, patatras, en 2009, dans un laps de temps de quelques mois, plusieurs affaires similaires de « censure » éclatent comme par enchantement, et font enfler une « polémique » dans laquelle les milieux de la prévention sont tout de suite pointés du doigt, et affublés de qualificatifs tels que « staliniens » et « hygiénistes ». Curieusement, la presse n’a pas relevé qu’aucune de ces « censures » ne résulte de demandes des milieux de la santé publique. Les « censures » sont le fait des publicitaires eux-mêmes, qui, tout d’un coup, ont décidé d’adopter une interprétation extrêmement rigoriste de la loi Evin, sans que personne ne l’exige, et à la grande surprise, d’ailleurs, de Claude Evin lui-même, qui a trouvé « ridicule » cet excès de zèle.
Les « censures » Tati, Coco Chanel et Gainsbourg dans le métro ont toutes été décidées par l’agence Metrobus, la régie publicitaire des transports publics parisiens. On aurait d’ailleurs de la peine à concevoir qu’un représentant de la santé publique et de la lutte contre le tabagisme exige que l’on censure la pipe de Monsieur Hulot, en la masquant par une ***étoile jaune***!
Si on cherche à qui profite le crime, il n’y a pas photo. Metrobus est une filiale du Groupe Publicis. Publicis, c’est en particulier l’agence Leo Burnett, a qui Philip Morris confie depuis plus de 50 ans le juteux compte publicitaire de la marque Marboro. L’ennemi de Publicis, c’est la loi Evin et les associations antitabac chargées de la faire appliquer. Pour Publicis, l’opération « censure » permet de faire d’une pierre deux coups : elle constitue à la fois une campagne de dénigrement public de ces associations, tout en attaquant la loi Evin. Il faut noter qu’après chaque épisode de l’opération « censure », des voix se sont élevées de façon systématique pour demander un « assouplissement » de la loi Evin (à commencer par le porte parole de l’ARPP, le lobby des publicitaires français) – on sait ce que dans la bouche des publicitaires, et notamment de ceux qui travaillent pour l’industrie du tabac (et de l’alcool), « assouplissement » n’est autre qu’un euphémisme pour « démantèlement ».
Autre indice qui traduit une campagne parfaitement orchestrée dans le but de « fabriquer » la polémique: le communiqué de presse de Metrobus du 16 avril 2009 commence par « A la suite de la polémique soulevée par la demande de Metrobus de masquer la pipe de Jacques Tati sur l’affiche publicitaire de la Cinémathèque française, … » En fait, au moment où ce communiqué parait, il ne peut y avoir de polémique. Les articles rendant compte de la « censure » paraissent le jour même, et la polémique ne prendra forme que dans les jours qui suivent. Pour l’avoir prévu avant même qu’elle ne démarre, il fallait que Metrobus soit bien sûr de con coup. De là à dire que la polémique a été « manufacturée » par l’agence de publicité, il n’y a qu’un petit pas, qu’il n’est pas trop risqué de franchir, sachant que, pour un groupe comme Publicis, c’est un jeu d’enfant d’opérer une telle manipulation de l’opinion publique.
Ces quelques indications sont très sommaires et la question mériterait une analyse approfondie, qui serait, je pense, très révélatrice sur la manière dont les multinationales du tabac (comme celles de l’alcool et de l’agro-alimentaire) s’y prennent pour saper les efforts de santé publique, affaiblir la législation et dénigrer les spécialistes de la prévention. Leurs actions produisent des effets qui persistent dans les esprits, même les plus critiques et les mieux protégés contre une telle intrusion (je ne suis pas moi-même totalement immunisé contre ces effets). Votre article, qui va à contre-sens de ces manipulations, en porte aussi, à son corps défendant, quelques traces, que je me suis permis de soulever.
j’adore, toujours la meme rengaine.
les pro-tabac et les fumeurs sont des tueurs, des inconscients.
je lisais que le lobby pro-tabac ne peut pas avoir de lobby anti-tabac en face, en faisant l’amalgame avec le sida ou le paludisme.
je rappelle pour information que le tabac n’est pas une maladie mais un produit.
je rappelle aussi que ce produit rapporte plus de 14 milliards d’euros par an à l’etat (troisieme plus grosse taxe apres l’alcool et l’essence).
alors arrêtons de taper sur le tabac.
pendant qu’on stygmatise les fumeurs, l’obesite et ces risques mortels representent plus de dangers que la cigarette.
en effet un enfant de 10ans atteint d’obesite a autant de risque de mourrir d’un probleme cardiaque qu’un fumeur fumant 10 cigarettes par jour pendant toute sa vie (prenant en compte une vie de fumeur de 50ans)
aujourd’hui les anti-tabacs sont des hypocrites.
pourquoi ne pas tout simplement interdire la cigarette, et faire fleurir un marche parallele, faire tomber 40 000 debitants de tabacs, petit commerçants qui vivent de çà, faire tomber une 20aine de grosses entreprises multinationales ayant chacune plus de 100 000 employes dans le monde et faire perdre à l’Etat 15 milliards d’euros.
en contrepartie, puisque le tabac est interdit, augmenter les impots et les taxes, ce qui comblera peut etre la perte de revenus.
Hors les anti-tabac ne demandent pas l’interdiction pure et simple mais une augmentation des prix, une interdiction de promotion dans les commerces. c’est tout.
pourquoi interdire quand on peut gagner de l’argent.
Bravo à Patrick Duchemin pour son analyse très pertinente !