La flambée des prix du gaz n’est pas une mauvaise affaire pour tout le monde

Cela aura lieu le 1er avril. Et ce n’est pas une blague. Le prix du gaz va une nouvelle fois augmenter. De 5% cette fois-ci. En l’espace de deux ans, la hausse se monte à 20%. Pour un ménage qui se chauffe à cette énergie, cela représente en moyenne 200 euros par an de plus. 10,8 millions de foyers, soit plus de 20 millions de personnes sont concernés. Un tiers des français. La mesure est très critiquée notamment par l‘UFC-Que Choisir.

Se chauffer moins pour gagner plus?

Le prix de l’énergie et le renchérissement du coût de chauffage peut conduite certaines personnes à subir cette précarité énergétique en diminuant par exemple la température de leur foyer ou en calfeutrant les aérations avec les conséquences potentielles que l’on imagine. Ainsi un français sur dix s’est mal chauffé le mois dernier. Parmi eux, beaucoup de gens qui préfèrent trois abonnements au portable et 220 chaînes sur la télévision au chauffage, mais tout de même, un français sur dix qui ne se chauffent pas assez !

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Surtout, les modalités d’augmentation posent question. Quelques jours avant de donner son aval à la hausse, et alors que le Figaro annonçait une hausse de 5% pour le 1er avril, Eric Besson déclarait « « Je ne confirme pas ». « C’est quelque chose qui est à l’étude et qui sera annoncé dans les semaines qui viennent ».

Quelques jours, il confirmait la hausse de 5% au 1er avril.

Alors qui décide finalement du pourcentage de hausse si ce n’est pas le ministre de l’énergie.

Il s’agit de la commission de la régulation de l’énergie. CRE pour les intimes. Cette commission commissionne et décide des augmentations. Elle est composée d’un président et de quatre commissaires choisis par les présidents de la République, du Sénat et de l’Assemblée nationale. Elle observe également les marchés.

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Le grand gagnant dans l’histoire c’est GDF-Suez. Le principal opérateur du marché du gaz peut ainsi engranger d’importants bénéfices. En soi, faire des bénéfices c’est même un peu l’objectif d’une entreprise et ce n’est pas une mauvaise chose. Déjà mise en cause par l’UFC Que Choisir pour surfacturer les forfaits de facture, les sommes que les abonnés paient à partir d’une estimation de leurs consommations avant qu’une régularisation sur la base de la réalité de celles-ci ne soient ensuite opérées au cours de l’année.

Ainsi, on peut imaginer que le prix du gaz en gros augmente de la même manière pour tout le monde puisque les marchés sont mondiaux. Certes, il y a le prix du transport mais entre la France et l’Italie par exemple, il ne devrait pas y avoir de différences substantielles. Regardons.

Selon Eurostat, le prix (hors-taxes) pour un consommateur moyen (83 GJ par an) s’établit à 10,449 contre 12,25 en France et 11,1203 en moyenne en Europe.

Donc les Français paient plus cher leur gaz hors-taxes que les Italiens. Qui est donc le gagnant ? L’Etat grâce aux taxes, variables et qui augmentent donc avec le prix du gaz, et le principal opérateur du marché à savoir GDF-Suez. Issue de la fusion entre GDF, vous savez la compagnie qui ne devait jamais être privatisée, et Suez, une entreprise dont l’un des principaux actionnaires est Albert Frère, lire ici.

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Entre 2007 et 2009, selon les comptes annuels de GDF-Suez, l’Ebitda, qui témoigne de l’efficacité d’une entreprise, a augmenté de 12%, et le chiffre d’affaires de 12,21%. Des chiffres cohérents. Dans le même temps, les dividendes versés par action bondissaient de 16,66% sur la même période. Et on attend les résultats du chiffre, qui seront publiés ce jeudi 3 mars, pour l’année 2010. Des sommes qui permettent de contenter les actionnaires et de racheter des entreprises à travers le monde dans l’électricité par exemple, récemment en Grande-Bretagne, ou dans le domaine de l’eau, la spécialité de Suez.


De l’eau dans le gaz

On comprend mieux alors l’insistance et l’intense lobbying de Gérard Mestrallet, alors patron de Suez, pour convaincre les députés de voter la fusion entre les deux entreprises en 2006. Un article de l’Express de l’époque rappelle les procédés utilisés : « C’est ainsi, par exemple, que grâce à un avion affrété par  le groupe présidé par Gérard Mestrallet, une vingtaine de parlementaires UMP ainsi que quelques socialistes ont assisté au cours de l’été 2006 à la finale de la Coupe du Monde entre la France et l’Italie, à Berlin. Une invitation qui a eu lieu deux mois avant l’examen du projet de fusion par l’Assemblée nationale.

Le patron de Suez a également régalé, par petits groupes, près de 300 parlementaires dans un restaurant chic des Champs-Elysées. Dominique Paillé, député UMP des Deux-Sèvres, hostile à la fusion, avait à l’époque réagi, « trouvant choquant le procédé  utilisé par Suez ».


Enfin, on peut se demander à quoi sert le ministre de l’énergie si son seul pouvoir décisionnaire est de dire oui au comité chargé d’évaluer les hausses de prix. Au mieux à communiquer sur la mise en place d’un observatoire des prix… qui n’observe manifestement pas grand chose comme le montre cette page internet.

Bref, c’est beau comme une publicité.

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PS. Je signale, par honnêteté, que je ne me suis pas rendu, pour les vacances de Noël, ni en Libye (Henri Guaino), ni en Tunisie (Michèle Alliot-Marie), ni à Cuba (Jean-François Copé), ni en Egypte (François Fillon), non, je chauffais tranquillement ma maison au gaz.


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