« Mediator. 150 mg ». Un livre relance la polémique contre un laboratoire pharmaceutique

Le livre d’Irène Frachon, professeure au CHU de Brest, aura eu le mérite de relancer les interrogations sur l’innocuité du Mediator, un médicament produit par les laboratoires Servier et consommé par des millions de Français, avant d’être retiré du marché. On le soupçonne, d’après une étude de la CNAM, d’être à l’origine de 500 à 1.000 morts dans notre pays.

Cet après-midi, le tribunal de grande instance de Brest jugeait une affaire peu banale dans les entrailles du palais. L’histoire d’une plainte d’un laboratoire pharmaceutique contre une maison d’éditions. Le laboratoire c’est Servier, 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 20.000 salariés à travers le monde. La maison d’éditions c’est Dialogues, un spin-off de la librairie du même nom. L’ouvrage traite d’un médicament, le Mediator 150 mg. Irène Frachon, l’auteure, est pneumologue au CHU de Brest. A l’occasion de sa pratique, elle suspecte puis démontre, par l’intermédiaire de plusieurs études, un lien entre la prise de ce médicament, censé lutter contre le diabète mais finalement très utilisé pour la présence d’amphétamines qui permettent la perte de poids dans le cadre de régime, et l’apparition de valvopathies. (Maj : Le Tribunal de grande instance de Brest a statué en faveur de la partie demanderesse à savoir les laboratoires Servier. L’éditeur Dialogues doit donc retirer la mention « Combien de morts » de la couverture d’une livre sous peine d’une astreinte de 50 euros par exemplaire vendu avec cette mention). Le livre, au format papier ou numérique, est en vente sur le site de la librairie Dialogues à Brest.

Le rythme du Mediator

Le livre, qui se lit à la manière d’un thriller tant on sent la pression monter à chaque page tournée, raconte les pérégrinations d’Irène Frachon, et des membres de l’équipe qui l’entoure lors de sa quête, dans les méandres de l’organisation de la pharmacovigilance en France. C’est aussi l’histoire de patients, des femmes pour la plupart, qui ont perdu la vie d’avoir voulu une existence plus conforme aux normes esthétiques de notre époque. Mediator. Combien de morts ? Le livre ne répond pas à la question pas plus qu’il ne donne d’estimation. Mais l’on sait qu’avant la suspension de son AMM (Autorisation de Mise sur le Marché), 200 à 300.000 personnes en consommaient chaque jour. 2 millions de personnes en auraient consommé depuis sa mise sur le marché. Le chiffre d’affaires du Mediator 150 mg pour Servier était de l’ordre de 3,6 millions d’euros pas an.

Pour les laboratoires Servier, le médicament a tout d’un mini-blockbuster, ces médicaments qui font la réussite financière des labos. Le Mediator est déjà passé entre les mailles du filet du déremboursement mais aussi des inquiétudes des autorités espagnols à son égard qui le déréfèrencent… Et voilà que sous l’impulsion d’Irène Frachon, et de ses travaux, c’est la France qui vacille. Pas question de se laisser faire.

C’est devant l’Affsaps que tout va se jouer. Cet organisme est en chargé de l’évaluation des risques sanitaires dans notre pays. Voici la stratégie des laboratoires telle que décrite dans le livre :

–          1. Etre nombreux. P109 : « Nous entrons, l’équipe Servier, impressionnante, nous barre toute la salle ».

–          2. Faire pression sur les journaux scientifiques. P 126 : Après le refus d’une publication scientifique de diffuser un papier sur l’étude « dans un se ses derniers articles scientifiques, la déclaration – obligatoire – des conflits d’intérêts de cet éditeur avec l’industrie pharmaceutique commence ainsi : « Professeur E. is a consultant for Servier ».

–          3. S’assurer de relais dans l’opinion médicale. P 113 : Servier met en place un « mécénat académique » pour de jeunes médecins avec des ateliers de perfectionnement. « La plupart de ces jeunes sont devenus au fil des années qui professeur, qui patron, qui doyen… bref leader d’opinion médicale d’une manière ou d’une autre. Certains sont même devenus ministre ». Et l’auteur de citer Philippe Douste-Blazy. L’ancien ministre de la Santé et des Affaires étrangères est également président d’Unitaid, la fondation montée par Jacques Chirac et le président brésilien Lula pour gérer l’argent de la taxe aérienne pour le financement des actions de lutte contre le Sida. Plus étrange, et que j’ignorais, il est également secrétaire-général adjoint de l’ONU, en charge des financements innovants. Jacques Servier sait également recruter dans toutes cases de l’échiquier politique. Ainsi, en 2000, c’est Henri Nallet, un ancien ministre socialiste de l’agriculture, qui rejoint son groupe.

–          4. S’assurer de soutiens au sein de la commission de pharmacovigilance en charge du dossier (p 121)

–          5. Couper les vivres aux récalcitrants. P 122. « Depuis, Servier a suspendu tous ses financements à l’Alfediam (association de diabétologues) et sa participation au congrès annuel ».

De plus, Jacques Servier, le président du laboratoire, est un proche des cénacles du pouvoir. Il se fait décorer la Grand’ Croix de la légion d’honneur le 31 décembre 2008. Cette distinction n’est accordée qu’aux plus grandes des patriotes, ou bien, dans un but diplomatique, à des personnalités étrangères.

Le laboratoire Servier est aussi une exception. Indépendant, contrôlé par une fondation, français dans un monde pharmaceutique dominé par des mastodontes internationaux, parfois mis sur la sellette par le passé. De plus, avec Biogaran, 10 millions de boîtes vendues chaque mois, il est le deuxième acteur du marché du médicament générique dans notre pays.

« La parole est à la défense de l’attaque »

De son côté, le laboratoire se défend. « Médiator® est un médicament utilisé dans la prise en charge du diabète de type 2. Depuis 1976, ce médicament a été autorisé par les Agences de Santé françaises et internationales, ayant montré son efficacité dans de nombreuses études cliniques chez les diabétiques de type 2. Médiator n’a jamais eu d’indication comme anorexigène. Le Médiator représente moins de 1% du Chiffre d’Affaires du Groupe de Recherche Servier.

En 2009, de nouvelles données de pharmacovigilance ont conduit l’AFSSAPS (l’agence française du médicament) à réévaluer le rapport bénéfice/risque de Médiator en raison de cas de valvulopathies qui lui avaient été rapportés et qui constituaient « un signal qu’il convenait d’explorer ».

Tenant compte par ailleurs de la présence de nouvelles alternatives thérapeutiques, l’AFSSAPS a décidé de suspendre l’AMM de Médiator en attendant les procédures d’évaluation du CHMP (Committee for medical products for human use) à l’EMA (Agence européenne du médicament).

Pendant la durée de la procédure, les Laboratoires Servier, par mesure de précaution et avec une volonté de cohérence ont appliqué la suspension d’AMM aux autres pays dans lesquels Médiator était toujours à la disposition du corps médical ».

« Dis-moi que tu LEEM »

Les grands laboratoires français sont réunis au sein d’une structure baptisée LEEM pour Les entreprises du médicament. L’une des principales missions du LEEM est de représenter la filière pharmaceutique. Comme par exemple l’a fait son président, Christian Lajoux, lors d’une audition sur la réforme de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale et où il parle au nom de son entreprise, Sanofi.

L’association fournit également des informations sur son métier comme cette carte qui explique le cycle de vie du médicament.

Le marché du médicament en France représente un montant considérable : 284 euros par habitants en 2004. Et le chiffre est en considérable augmentation malgré, ou peut-être à cause, des mesures massives de déremboursement, de l’apparition des génériques, des campagnes de sensibilisation au gaspillage… Dès lors que les enjeux financiers, sociétaux et sanitaires sont aussi importants, la société publique est en droit de demander à être protégée contre les risques médicaux liés à la prise de médicaments.

Mikaël Cabon

9 thoughts on “« Mediator. 150 mg ». Un livre relance la polémique contre un laboratoire pharmaceutique

  1. claria
    26 novembre 2010 at 12 h 50 min

    Depuis six ans j’ai pris du mediator pour mes tryglicérides. Je suis atteinte d’une sclérose en plaque depuis 2003.mon écogaphie du coeur montre les dégâts du mediator je sombre dans une dépression je me sens emprisonné dans un corps malade avec des risques dans l’an qui va suivre d’une gravité supplémentaire je suis très en colère.

  2. 8 janvier 2011 at 10 h 43 min

    je me présente madame tamenasse ép tuncq françoise
    demeurant 6 ,rue du 8 mai 1945 à St VIVIEN de MEDOC 33590 ,je vois
    que l’on parle beaucoup de la région parisienne mais il faudrait
    penser aux autres régions ,pour ma part je suis adulte handicapée
    depuis l’an 2000 ,j’ai pris du médiator en 1989 jusqu’en 1994
    ,étant reconnu diabétique depuis l’an 1989 et je ne l’ai arr^^eté
    qu’en l’an 1994 ,étant reconnu diabétique de type 2, mon
    diabétologue me l’avait prescrit ,et mon médecin traitant m’a
    associé de l’isoméride afin de perdre du poids ,je n’ai jamais fait
    d’excès dans ma vie et de plus je ne maigrissais pas ,maintenant
    après avoir passé au glucophage 1000 ,500 ,et à présent 850mg,je
    suis depuis l’an 1999 ,je suis reconnu adulte handicapé entre 85
    %et 90 %,je souffre d’énormes pathologies ,dépre’ssion nerveuse
    chronique ,traitée pour la thiroïde depuis mon cancer en 1990 ,pour
    les os où la douleur est tellement forte que je suis rendu à la
    morphine tous les jours ,je suis inapte au travail reconnu depuis
    l’an 2000 ,,enfin pour résumer beaucoup de choses qui m’ont réduite
    tous les jours à essayer d’avancer mais je pense qu’à presque 60
    ans ,j’aurais pu avoir une autre vie ,et dans ma tête ,chaque jour
    je demande au Seigneur de me rappeler à lui ,tellement que le
    quotidien est difficile à gérer ,j’ai été de plus subi un arnaque
    par un faux médecin de Paris puisque l’émission était passé à
    l’émission de Julien Courbet ,de là plus rien ,ils l’ont perdu de
    vue alors qu’il avait été condamné à me verser 2500 euros et par le
    tribunal de paris 2000 euros et interdiction de professer ,j’ai
    tous les documents en ma possession ,ma vie je m’en moque mais je
    demande à ce que justice soit faite pour d’autres personnes mes
    coordonnées téléphoniques ,05.56.09.24.98 où adresse émail
    fanfan.1305@live.fr ,

  3. Veronique
    12 janvier 2011 at 14 h 38 min

    bonjour j’ai pris du mediator pendant 4 ans d’affiller 3
    fois par jour ,pour maigrir .là je sors de chez le cardiologue et
    voici ce qu’elle m’a annonce que ma valve aortique fuit et que j’ai
    un souffle au coeur . je ne sais pas ou m’adresser ,car pour moi je
    ne sais vraiment pas quoi faire et mes enfants sont tres inquiet
    .

  4. MARGHERI
    1 février 2011 at 13 h 58 min

    Réponse à Véronique, témoignage du 12/01/2011.
    Veuillez me contacter par mail sur : verohg@free.fr
    J’ai pris moi aussi du médiator 150 mg.
    J’ai lu le livre d’Irène Frachon.
    Ne restez pas comme ça, il y a des personnes qui peuvent vous aider, vous renseigner…
    Je me propose de vous aider.
    Je ne fais partie d’aucune association ou société, mais je collecte tout ce que je peux sur cette affaire.
    A bientôt.
    V. M.

  5. kfaiti
    13 août 2011 at 14 h 59 min

    bonjour . je suis diabetique sous pompe insouline depuis 2005 ou je suis atteint depuis 1995 . j ai pris mediator pendant 4anset apres je me sens toujour fatiguer pas desir rien un mort vivant .mon tel 06 20 66 76 22. voila aider moi

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *